sophie DUMONT

Peintre | langrune ; normandie
Artiste contemporains

À propos

Née à Paris le 09 avril 1964. Vit et travaille à Langrune sur Mer (Normandie)

Rebelle par nature Sophie Dumont s’est éloignée de la Métropole pour vivre quelques années aux Antilles, puis en Espagne et enfin au Maroc. Elle emmagasine une foule d’images et de couleurs qu’elle va garder soigneusement au fond de sa mémoire. A son retour en France, elle franchit le pas et saisit les pinceaux. Dés sa plus petite enfance, elle est baignée dans le milieu de la peinture, à travers les dessins d’Henriette Dumont, sa grand-mère paternelle qui croque à tous ses instants, enfants et petits enfants avec un trait qui peut rappeler celui de Matisse.

Sophie Dumont s’intéresse à l’histoire de l’art, travaille plusieurs années, cherche, découvre pour se réaliser réellement vers 2007. Sa facture devient plus forte, les couches se multiplient sur la toile, laissant apparaître une plage ou des falaises à qui veut bien les découvrir.

Son travail à l’huile prend toute sa valeur dans les couches successives et les transparences dans des camaïeux de gris et de blanc.

Sophie DUMONT prolonge son exploration de l’univers normand. L’environnement lui est familier, mais  elle soude avec obstination les moindres vibrations. Le paysage omniprésent, se dérobe au regard pour laisser percer de furtives apparitions qui se noient dans la lumière nacrée et translucide.

La vision subliminale d’un horizon découpé par des falaises lointaines évoque un quotidien rythmé par un espace en perpétuelle mutation. Rien ne trouble la quiétude d’un espace façonné par ces lumières diaphanes, mélange de gris et d’ombres qui jouent subtilement avec les fluidités de l’air et de l’eau. Ces paysages empreints d’un lyrisme confinant à l’abstraction semblent s’éloigner d’une réalité que les pesanteurs de la peinture traditionnelle veulent trouver dans le reconnaissable. La représentation se détache de façon irréversible du motif pour mieux rendre compte de l’émotion suscitée par l’immersion totale dans le tableau. L’image s’efface devant les sens, rendant au spectateur sa liberté d’interprétation.

L’apport dans certains tableaux de matériaux comme la gaze révèle en même temps la quête permanente de nouveaux efforts. La hiérarchie instaurée dans la toile par des centres d’intérêt différents renforce la confrontation entre matière et source de lumière. Les lignes de force s’en trouvent parfois déplacées au profit d’une plus grande convergence vers le cœur de la représentation qui demeure abstraite, même si en filigrane on peut y déceler encore une certaine figuration (« Le linge »).

Mais les évolutions techniques n’atteignent en rien la prédilection de l’artiste pour les grands formats, ni son expression dans un choix libre de sujets, comme les uns qui, pour la première fois, marqueront un semblant de rupture (très limité) avec ce qui demeure une constante. Une distance ostensible avec la peinture de motifs.

 

L’abstrait de Sophie DUMONT n’est pas un concept, il est une démarche où chaque toile se construit autour d’un graphisme mis en perspectives par la couleur. Le dessin peut rappeler le modelé d’un corps ou les méandres d’un paysage. Il n’est que l’interprétation non préméditée d’une idée figurative, qui prend d’autres formes dans l’espace. La toile se structure autour d’un jeu de courbes et de lignes filtrant les lumières. C’est dans cette construction épurée qu’entre en scène la palette de tonalités souvent contrastées. Mais la substance n’est jamais brute, puisant dans sa maturation des effets lyriques qui sont le résultat d’un travail fécond de la matière. Le couteau façonne le matériau en couches successives qui fusionnent dans une combinaison de couleurs chatoyantes. La présence sous-jacente des différents substrats crée cette vibration née du contraste entre matière et couleur, pour donner à la représentation une vie qui lui est propre, indépendante de toute référence. Le regard du spectateur, loin d’être guidé, est invité à voyager librement dans la toile. Sa perception n’est que l’expression de ses propres émotions, soumises simplement à l’effet des modulations transcrites par l’artiste. D’où cette relation permanente entre des œuvres aux apparences et à l’esprit parfois changeants, mais qui symbolisent une démarche cohérente et sincère.

 

François Laune Critique d’art

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